Cherchez la plage…

l’humoriste Pierre Desproges qui appréciait notre ville disait à son propos :

« Saint-Gilles-Croix-de-Vie est la seule ville de bord de mer au monde où les pouvoirs publics ont pensé à mettre des baraques foraines et des parkings automobiles tout autour du port afin que les touristes ne puissent jamais voir la mer et les bateaux. C’est une curiosité pétaradante qui mérite le détour, encore qu’on puisse jouir du même paysage sans quitter Clermont-Ferrand. »

30 ans après sa disparition, il n’y a pas une virgule à changer à son texte.

 

Les concessions des plages de Saint-Gilles-Croix-de-Vie sont arrivées à expiration et une enquête publique a été ouverte cet été pour leurs renouvellements. On retiendra une volonté d’améliorer l’esthétique des baraquements avec l’adoption d’une charte architecturale et paysagère incluse dans le cahier des charges. Néanmoins, le CPNS a été amené à formuler un certain nombre d’observations écrites et a rencontré le commissaire-enquêteur. Dans l’attente de la communication du rapport du commissaire enquêteur, nous vous faisons part de nos observations.

I – Concessions de la plage de Boisvinet à Croix-de-Vie

  • Emprise de la plage soumise à concession

La plage de Boisvinet couvre une surface de 27 680 m2. La base nautique avec rampe d’accès et le platelage bois sont exclus de la surface concédable, ce qui porte à 26090 m² l’emprise de la plage soumise à concession. La question de savoir en quoi le platelage peut être exclu de la surface concédable est posée par un groupement de riverains. 

  • Environnement protégé

Suivant l’avis de la DREAL, la plage de Boisvinet est en dehors des sites classés de la Corniche vendéenne et des dunes du Jaunay et de la Sauzaie. De plus, pour la DTTM, elle ne peut pas être considérée comme un espace remarquable en raison de sa situation au droit d’un front urbain ; or nous relevons que la plage de Boisvinet figure bien comme  » espace remarquable  » dans la cartographie extraite du site data.gouv de la Vendée  . Nous avons demandé des éclaircissements sur ce dernier point. 

Nonobstant ces remarques, nous observons que 

    1. la plage préfigure la Corniche vendéenne dont les falaises commencent au niveau de l’école de voile
    2. le secteur avoisinant est classé en zone de Site Patrimonial Remarquable (SPR) dans le PLU de la commune.
    3. la recolonisation d’une partie de la plage par la végétation préfigure la reconstitution d’un massif dunaire dans sa partie proche de la jetée de Croix-de-Vie. 
    4. la présence de commerces de restauration et de boissons existe en quantité suffisante le long de la voirie sans qu’il soit nécessaire de créer un nouvel espace pouvant accueillir une clientèle assise.

Ainsi donc, de par son implantation aux abords de ces espaces protégés, le traitement de la plage de Boisvinet mérite une attention particulière que l’on retrouve dans le cahier des charges du projet de concession, sans que celui-ci ne soit ni exhaustif ni assez prescriptif. 

 

  • Des nuisances à prendre compte

-l’impact visuel des installations. Du fait de l’artificialisation du haut de plage par remblaiement, le haut des baraques fournies par la ville dépasse la hauteur d’usage habituelle sur cette plage. Leur orientation parallèle au rivage constitue un « mur » de bois peu esthétique, non conforme à la qualité environnementale et architectural du site. 

Les nuisances sonores. La notion de nuisance sonore est subjective, néanmoins, l’utilisation des platelages comme parking à vélos et mobylettes, ou encore l’organisation d’animations en soirée, constituent une gêne indéniable pour les riverains qu’il convient de prendre en compte.

Nous demandons à ce que les notions d’impact visuel et de nuisances sonores soient mieux définies dans le cahier des charges afin de les rendre opposables.

  • Application de la réglementation relative aux concessions de plage :

En application du décret n°2006-608 du 26 mai 2006 « les activités exercées sur les surfaces concédées doivent avoir un rapport direct avec l’exploitation de la plage ». 

Nous demandons donc que les concessions soient recentrées sur la plage et détachées du platelage public et les baraques positionnées perpendiculairement au rivage. Ainsi la promenade piétonnière ou cycliste retrouvera son usage originel en bordure de mer et les baraques situées plus en contrebas limiteront l’impact visuel.

Selon le rapport de mission du Conseil général de l’environnement et du développement durable CGEDD N° 005860-01(janvier 2009) « Il ne peut y avoir de construction pérenne sur le Domaine Public Maritime. En conséquence, non seulement toutes les installations doivent être démontables mais leur importance et leur coût doivent être compatibles avec la vocation du DPM et la durée d’occupation autorisée afin que l’exploitation se fasse dans des conditions économiquement acceptables. »   ce qui ne peut pas être respecté dans les circonstances actuelles étant donné que les réseaux souterrains sont à demeure depuis leur implantation en 2008.

En conclusion,

nos observations s’attachent à faire respecter les prescriptions générales qui sont rappelées dans le cahier des charges page 4 : « Le concessionnaire doit limiter les nuisances dues aux activités et il doit limiter l’impact visuel des installations »

Pour nous, le cahier des charges n’est pas assez précis pour faire respecter ces prescriptions et nous demandons que le caractère remarquable de la plage de Boisvinet soit pris en compte.

 

II – Concessions de la Grande plage de Saint-Gilles

  • Emprise de la plage soumise à concession

La Grande plage qui a une superficie à mi-marée de 146 500m2 est assujettie à la règle des 80% du linéaire et de la surface de plage qui doivent rester libres de tout équipement ou installation, ce qui permet d’exploiter des activités sur un linéaire de 656m et une surface de 29 300m2 maximum. Le dossier prévoyant l’utilisation d’un linéaire de 610,54m et une surface occupée de 3 307,73m, le projet reste compatible avec la réglementation.

  • Environnement protégé

Le linéaire de la Grande plage qui s’étend de la pointe de la Garenne au nord à la limite de la commune de Brétignolles au sud est située dans l’emprise du site classé des dunes du Jaunay et de la Sauzaie et du site Natura 2000. Elle n’est pas zonée au PLU de la ville; en conséquence, le règlement national d’urbanisme s’applique. 

  • Formalités liées aux sites classés non respectées

Nous relevons la remarque émise dans son avis par la DREAL, relative au poste de secours de La Paterne dont l’installation est soumise à autorisation au titre du code de l’urbanisme au delà d’une implantation supérieure à 15 jours en site classé (R 421-7 du CU) et à autorisation spéciale au titre des sites pour toute modification de l’état du site (L341-10). Sauf erreur ou omission de notre part, cette autorisation ne figure pas au dossier.

Compte tenu des zones concernées (espaces remarquables et site classé) le cahier des charges de la concession ne nous parait pas assez prescriptif ainsi le point 3.4.1 du cahier des charges dénommé « Les conditions générales des installations d’activités saisonnières » qui

prescrit La notion d’impact visuel soit précisé dans le cahier des charges
qu’une zone tampon sans fréquentation humaine possible de quelques mètres entre les zones dunaires et les plages pour protéger la végétation de pied de dune contre les piétinement. Cette obligation ne parait pas suffisamment prescriptive et peut donner lieu à litige. Une donnée métrée faciliterait l’interprétation et l’application de cette obligation.

Les obligations de conformité à la charte architecturale et paysagère jointe au dossier devraient également s’appliquer aux différents 

Poste de secours – Grande plage de St Gilles

postes de secours dont l’esthétique  n’est pas en conformité avec l’espace remarquable du lieu.

 

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