La commune de Saint-Gilles-Croix-de-Vie a choisi de présenter en même temps à l’enquête publique la révision de son plan d’urbanisme, la révision du site patrimonial remarquable, la création des périmètres délimités des abords et la révision du règlement local de publicité de la commune
Si nous comprenons la cohérence de ce choix, force est de reconnaître qu’il est certainement difficile pour la population -dans laquelle nous nous incluons- de les apprécier tous de manière pertinente dans un laps de temps aussi court. Néanmoins, nous avons pu relever un certain nombre de points sur lesquels nous avons attiré l’attention de la commission d’enquête.
Si les documents présentés à l’enquête publique
traduisent une volonté d’inscrire l’action de la commune
sous l’angle du développement durable,
la démonstration de la nécessité de densifier encore plus
le territoire communal n’est pas faite.
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1 – LE PLAN LOCAL D’URBANISME
un territoire saturé
Nous donnons acte à la commune qui inscrit son action dans les objectifs prescrits par le SCoT, de prévoir une consommation foncière inférieure à la consommation autorisée par ce document supra-communal. Cependant nous notons que la commune prévoit 10.000 habitants à l’horizon 2029 pour une consommation foncière de 27,4 hectares. Pour le CPNS la commune ne fait pas la démonstration de la nécessité de densifier encore plus son territoire dont la « dynamique » s’appuie essentiellement sur un parc immobilier visant à créer des résidences soit secondaires, soit destinées à passer les premières années de sa retraite avec pour corollaire un turn-over très important. Pour mémoire, sur les 9 158 logements recensés, la part des résidences principales (44,8%) est inférieure au parc des résidences secondaires (49,3%) et 5,9% du parc est constitué de logement vacants.
Nous estimons donc qu’avec 738,5 habitants au km2 le territoire de Saint-Gilles Croix-de-Vie est saturé. À titre d’exemples, La Roche sur YON présente une densité de 614 habitants au km2 ; Les Sables d’Olonne : 504,5 ; Challans : 313,1 ; Saint-Hilaire-de-Riez : 163,5, ou encore Saint Jean-de-Monts : 139,90.
La surpopulation de la ville se mesure au flux du trafic automobile qui sature maintenant en période hivernale. On ne parlera pas de la période estivale… On ne comprend donc pas l’absence de plan de circulation automobile dans les documents d’urbanisme présentés. De très nombreuses villes balnéaires ont fait le choix d’interdire l’hyper-centre à la circulation automobile. Loin d’être un frein économique, la réappropriation de l’espace par les piétons constitue un élément déterminent d’essor et de confort de vie.
Une volonté de favoriser les déplacements doux à traduire dans les faits
Nous apprécions la volonté de favoriser les déplacements doux avec un maillage des pistes cyclables et la gestion mutualisée des parkings (futur lycée) ; mais nous attirons l’attention de la commune sur la dangerosité de certaines bandes dites « cyclables » dans la ville : étroitesse de la bande (quai de la République, boulevard de l’Égalité…), manque de lisibilité du parcours (pont de la Concorde), mauvais entretien des revêtements, débordement de la végétation et pour certaines, surfréquentation et présence de nombreux cycles à assistance électrique.
L’introduction d’objectifs environnementaux
Nous apprécions la création d’une nouvelle coulée verte entre Les Vergers d’Éole et la zone d’activités de la Bégaudière. Nous notons avec intérêt la volonté de « déminéraliser » l’espace urbain avec l’intégration paysagère tant entre les espaces urbains et espaces agricoles et naturels que dans l’espace urbain lui-même. Le CPNS participe activement aux ateliers mis en place par la commune pour satisfaire à ces objectifs.
Il reste cependant quelques points noirs. Ainsi nous avons attiré l’attention de la commission d’enquête sur la nécessité de préserver l’ensemble des espaces boisés au niveau de Boisvinet, ainsi que l’espace boisé situé à La Croix d’Orion menacé de transformation en bassin de rétention.
De même, l’introduction de compensations prévue en cas de destruction ou d’abattage de haies bocagères consistant à demander des « replantations proches et au moins égale au linéaire abattu » nous parait insuffisante. Un minimum compensatoire de 3 pour 1 serait plus dissuasif.
Des orientations d’aménagement programmé
Les Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) définissent des principes d’aménagement qui s’imposent aux occupations et utilisations du sol. Le PLU présente 6 OAP de secteurs et 3 OAP thématiques
- Les OAP de secteurs : secteurs de La Croix, du Lycée Nord, de la Coquine, de la ZA de la Bégaudière Est, de la ZA de la Bégaudière Sud et de la Coquine à vocation touristique
- Les OAP thématiques : trame verte et bleue, Mobilité et nuancier
L’introduction de 3 OAP thématiques donne de la visibilité aux documents d’urbanisme et est la bienvenue. Les thèmes en sont : trame verte et bleue, mobilité douce, nuancier. Nous apprécions particulièrement l’introduction de 4 sous-trames au sein de la trame verte et bleue visant à prendre en compte les micro-réservoirs de biodiversité.
Par contre nous avons émis de fortes réserves sur les OAP La Croix et Lycée Nord. En effet, si nous approuvons la philosophie générale des OAP prévues, nous estimons surdimensionné le nombre de logements prévu dans ces programmations.
Concernant les OAP ZA La Bégaudière EST et SUD : nous ne trouvons pas assez prescriptif l’injonction d’ « intégration de cibles de performance énergétique dans la conception d’un bâtiment, la prise en compte du traitement des déchets et une gestion efficace des eaux améliorent le fonctionnement et la durabilité des activités. » Nous préconisons l’introduction d’un pourcentage d’énergie douce obligatoire dans le projet (panneaux solaires sur les toits plats par exemple, ou végétalisation de ceux-ci).
En ce qui concerne les stationnements en façade des bâtiments donnant sur les voiries de desserte, nous souhaitons que la création de places de stationnement perméabilisées soit imposée dans les zones d’activité commerciale et artisanale.
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2 – LE REGLEMENT LOCAL DE PUBLICITÉ GLOBALEMENT COHÉRENT
Le projet vise principalement à sanctuariser le site patrimonial remarquable de la commune (SPR), mais au détriment du reste du territoire du territoire où seules les prescriptions nationales s’appliqueront. Comme nous l’avions souligné dans un article précédent, cette critique est atténuée par une volonté de protéger les bâtiments remarquables repérés par le PLU en instaurant un zonage spécifique.
Nous regrettons l’absence de limitation des matériaux employés; la seule contrainte étant qu’ils ne soient ni mat ni brillant (ce qui n’est déjà pas si mal, nous en convenons). Nous aurions aimé aussi qu’une charte colorimétrique soit établie afin d’éviter les couleurs agressives. L’absence de réglementation sur l’éclairage (application du règlement national) est une lacune qu’il conviendrait de combler.
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3 – LE SITE PATRIMONIAL REMARQUABLE PLOMBÉ PAR L’INSPECTEUR DU PATRIMOINE
Nous ne comprenons pas la position de l’inspecteur du patrimoine qui a considéré que « le patrimoine bâti de la commune n’était pas de caractère exceptionnel et qu’il n’était donc pas nécessaire de l’intégrer au sein d’un périmètre élargi. » Il a donc refusé l’extension du périmètre SPR demandé par la ville. Nous saluons le travail de la commune qui a contourné cet obstacle. Environ150 points intéressants ont été identifiés, des items supplémentaires ont été créés (séquences naturelles, urbaines et architecturales), des immeubles, des parcs, des jardins publics ou privés, des places, cours et espaces à dominante minérale et cours d’eau ont été relevés.
Mais, nous n’avons pas trouvé le chemin des douaniers situé sur l’anse de l’Adon -quai de la République- dans la cartographie des limites du site remarquable. Nous demandons donc son intégration car il permet de rattacher le port à son histoire. Il en va de même des pieux d’amarrage en bois situés dans la baie de l’Adon qui ne sont pas non plus répertoriés.
CONCLUSION
Le CPNS relève la qualité du travail fourni pour l’élaboration des documents soumis à l’enquête publique. Nous y avons trouvé une volonté d’inscrire l’action de la commune sous l’angle du développement durable que nous apprécions tout particulièrement. Cependant, la démonstration de la nécessité de densifier encore plus le territoire communal n’est pas faite.