Depuis les années 2000, les autorités françaises s’attaquent, sans trop d’ambition, à la pollution des plastiques. Pourtant, l’enjeu est déjà soulevé en 1973, dans l’émission La France défigurée. Cette émission, qui passait sur la première chaîne de télévision, consacre le 22 avril un dossier aux plastiques : « les déchets de l’an 2000 ». Elle est visible sur le site de l’INA :

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Après la tempête, un lit de plastiques recouvre la plage de Sion (février 2016)

 

 

Le devenir de cette matière est préoccupant. Sa production est exponentielle : apparu dans les années 1950, son adoption par les industriels et par les consommateurs fait craindre une vague d’un milliard de tonnes produit pour la seule année 2000. En fait, le monde n’atteindra jamais ce volume, même si les chiffres sont variables : dans un monde qui continue de produire du plastique, ce volume s’élèverait, au milieu des années 2010, entre 299 millions de tonnes et 400 millions de tonnes. Les chercheurs des universités de Géorgie et de Californie ont calculé que 8,3 milliards de déchets plastiques ont été produits entre 1950 et 2015, dont 6,3 milliards sont très peu dégradables.

 

 

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Dès les années 1970, le déchet issu du plastique préoccupe. Il représente alors 4 % de la masse totale des déchets produits en France (sur 11 millions de tonnes par an ; aujourd’hui, ce serait environ 60 % sur plusieurs centaines de millions de tonnes par an). Les industriels ont, d’une certaine manière, trop bien travaillé : ils ont conçu un matériau résistant, ce qu’ils jugent alors être une qualité et non un défaut. La nature ne peut toutefois pas le dégrader et les plastiques se trouvent à polluer l’environnement et les paysages.

 

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À l’époque, c’est l’incinérateur qui apparaît comme la solution : la combustion des plastiques permettrait d’économiser de l’énergie en la récupérant (le premier choc pétrolier, qui intervient à partir d’octobre 1973, n’a pas encore eu lieu). Des problèmes de santé publique sont toutefois soulevés, en particulier pour le PVC dont la combustion dégage de l’acide chlorhydrique.

À plusieurs reprises, le reportage pointe l’importance de l’éducation du consommateur : les industriels vilipendent le consommateur qui jette ses déchets dans la nature, Jacques Lopion, chargé par le gouvernement d’une étude sur les plastiques, promeut une sensibilisation qui sera longue à s’opérer (« le consommateur veut le plastique »).

C’est donc un reportage inquiet qui est délivré aux Français sur les écrans de télévision. En visionnant ce reportage sur le site de l’INA, c’est peut-être notre manque de réactivité qui devrait nous inquiéter.

 

DÉCHETS: LE CPNS SENSIBILISE LE PUBLIC 

 

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