Avec ses espaces maritimes et littoraux la France possède un patrimoine naturel remarquable soumis à de nombreuses pressions du fait du changement climatique, des pollutions terrestres ou de l’impact des activités humaines. Afin de garantir le bon état écologique et une meilleure valorisation économique et sociale de la mer et du littoral, le Ministère de la transition écologique et solidaire met en place une stratégie nationale prévoyant que pour chacune des 4 façades maritimes en métropole, un document de planification -dit document stratégique de façade- devra préciser les conditions de mise en œuvre de la stratégie nationale en tenant compte des spécificités locales. Ce document élaboré par l’État en concertation avec les acteurs maritimes et littoraux réunis au sein du conseil maritime de façade a fait l’objet d’une concertation préalable avec le public du 26/01/2018 au 26/03/2018. Pendant cette période chacun a pu s’exprimer sur le site du ministère, y déposer sa contribution, commenter ou voter pour les contributions déjà posées. Bien évidemment France Nature Environnement a pris une part importante à cette réflexion. La Coordination des associations du littoral vendéen -CoorLit85- a elle même déposé ses réflexions avec le soutien du CPNS qui s’en était fait le relai auprès de ses adhérents.
Une synthèse globale de cette concertation est attendue dans le courant du mois d’avril 2018. Dans l’attente, nous vous proposons de retrouver ci-dessous les contributions¹ déposées par Coorlit85 avec le soutien du CPNS.
Quel avenir pour la mer et le littoral?
La contribution de Coorlit 85 à la consultation publique
Le bon état écologique des milieux marins et littoraux
Q1 -Comment réduire les pollutions venues de la terre, qui influencent la bonne qualité de l’eau sur le littoral ?
Réduire les pollutions en amont, dans le cadre d’orientations nationales
La qualité de l’eau sur le littoral impacte habitats côtiers, pêche et conchyliculture. Or l’essentiel des polluants vient de l’amont. Le rôle des SAGE est capital pour améliorer les qualités chimique et bactériologique des eaux continentales, avec choix pertinent de mesures pour :
-réduire nitrates/phosphore impliqués dans marées vertes/blooms (dommages aux habitats côtiers, risques toxiques)
-traiter les eaux usées par STEP et assainissement non collectif performants
-suivre la qualité des eaux
Mais des orientations nationales s’imposent :
-maintien de la loi Littoral (ratio capacité d’accueil/urbanisation)
-abandon planifié de l’agriculture et de l’élevage intensifs, avec accompagnement financier
-réduction des déchets à la source (plastique, polystyrène)
-traitement à terre des boues de dragage
-application rigoureuse du principe pollueur-payeur
-sensibilisation du public par tous moyens de communication (composition/utilisation des phytosanitaires, produits ménagers, cosmétiques)
Les activités et usages
Q2-Dans le cadre du développement des énergies marines renouvelables (l’éolien flottant et posé), comment passer de l’intérêt particulier à l’intérêt général?
De la façade maritime au local : information et concertation dans de bonnes conditions
La transition énergétique est indispensable, et réalisable par la diversification des sources. Entre autres EMR, le recours à l’éolien est inéluctable. Or les projets de parcs éoliens en mer sont mal acceptés par les populations littorales, ce qui freine leur mise en œuvre.
Ces difficultés pourraient être atténuées à certaines conditions :
– implication de la population dans la réflexion avant le choix du périmètre retenu et l’appel d’offres (présentation des options possibles, avantages/inconvénients)
– concertation en toute transparence sur le périmètre choisi (communication des études : état initial, étude d’impact intégrant, d’une part, le cumul des impacts internes et, d’autre part, du cumul de ces derniers avec ceux des projets d’ordre divers sur la même façade
– désignation d’un garant pour cette concertation (pour aller vers un climat de discussion apaisé).
L’ensemble de ces mesures mériterait d’être défini et suivi dans le cadre d’une instance à l’échelle de la façade concernée.
Q4-Selon vous, quelle place faut-il accorder aux activités d’extractions de ressources non renouvelables telles que les granulats marins ?
La ressource granulats marins est non renouvelable et son exploitation a des impacts négatifs ; les projets sont souvent mal acceptés. Mais en l’absence d’alternatives suffisantes, on ne peut pas totalement s’en passer. Il est nécessaire :
-de limiter l’exploitation des granulats (volume/durée), et parallèlement diminuer leur consommation (réduction des surfaces à urbaniser, respect de la loi Littoral)
-de les réserver pour des emplois indispensables
-de mieux mesurer les impacts négatifs (études indépendantes, affinement des connaissances sur écosystemes et hydrodynamisme sédimentaire) et de les écarter en identifiant au large les perimètres les plus résilients
-d’informer et d’ouvrir une concertation dès que la question de donner (ou non) une autorisation se pose, et au-delà s’il y a lieu
-de développer la recherche d’alternatives : la qualité des matériaux recyclés ne permet pas tous les emplois, l’utilisation d’autres matières et d’autres techniques est nécessaire pour l’avenir.
Mixité sociale et capacité d’accueil sur le littoral
Q1- Comment limiter la pression foncière et l’impact sur les milieux et les paysages des activités de tourisme et de loisirs ?
Bon sens et rigueur pour sauver ce qui peut l’être encore, avec la loi Littoral
En 50 ans, le littoral a été très artificialisé pour développer le tourisme (construction sur dunes/forêts/marais/terres agricoles), au mépris de la qualité de celui-ci (vision à court terme, ignorance des enjeux relatifs aux milieux). Appétits immobiliers nuisant aux activités économiques en place, explosion des coûts du foncier expulsant les jeunes, bien que de nombreux logements soient souvent fermés : est-il trop tard pour y remédier ?
Tentons :
– moins de résidences secondaires (à taxer si jamais louées), de zones NA devenant AU, de construction de ports- parkings (sédiments bloqués, dragages répétés)
– plus de contrôles de légalité par l’Etat, d’aides au maraîchage bio (emplois, respect du sol), de moyens pour le Conservatoire du Littoral
Renforçons la loi Littoral, prenons en compte la capacité d’accueil du territoire : pression maximum supportable par les ressources de ce dernier (méthodologie existante).
Retrouverons-nous espaces libres, mixité sociale et générationnelle ?
Q2- Comment se prémunir des risques liés à l’érosion côtière et au changement climatique sur le littoral ?
Contre le risque d’érosion et de submersion : construire et protéger autrement
La façade NAMO présente des risques élevés d’érosion et de submersion, surtout sur des côtes sableuses qui reculent en dépit de coûteuses protections en dur ; les enjeux humains sont importants : population dense, nombreuses résidences secondaires, forte artificialisation du territoire limitant les espaces naturels tampons (comme les dunes…elles-mêmes urbanisées de manière irresponsable). Pour tenir compte des risques et des enjeux :
-élaborer des PLUi intégrant le risque érosion/submersion
-faire respecter les PPRL et la loi Littoral par un contrôle rigoureux restant sous responsabilité de l’Etat
-cesser d’enrocher les dunes de manière systématique et d’empiéter sur le DPM
-ne plus construire derrière les digues (utiles pour limiter l’invasion marine, sans garantie d’immunité)
-préparer dès maintenant la relocalisation du bàti dont la sécurité est menacée
-informer et éduquer (culture du risque, exercices, à mettre en valeur dans chaque commune par une journée annuelle dédiée)
¹ En cliquant sur les titres de l’article, vous accédez directement sur la page concernée du site Stratégies de façade maritime du ministère.