Le Conservatoire du littoral était invité à présenter ses actions lors d’une soirée débat organisée par le CPNS le 23 novembre à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. En complément de cette soirée très intéressante et enrichissante, il parait opportun de publier l’article du journal Ouest-France publié le 19/11 consacré aux marais d’Olonne dans lequel l’Association pour la protection de la nature au pays des Olonne (APNO) est très active.
Reproduction de l’article publié dans le journal Ouest-France, édition du 19/11/2016
Les marais d’Olonne, un bijou de biodiversité
Chasseurs et écolos, sauniers et écoliers, moutons et touristes, loutres et avocettes. Tous vivent en harmonie dans cet écrin d’eau et de sel sauvé de l’abandon. Le Conservatoire du littoral et l’Agence de l’eau y veillent.
Reportage
« C’est un bijou ! » Le cri du cœur vient d’Odile Gauthier elle-même, la directrice nationale du Conservatoire du littoral. Ce matin-là, elle parcourt les marais d’Olonne à pied. Histoire de cerner le travail de restauration et de préservation mené dans cet écrin de biodiversité aujourd’hui montré en exemple ( lire ci-dessous ). Un bijou, vraiment ? « Moi qui ai vu la naissance des mouvements de défense de l’environnement à l’époque, je peux vous dire que c’est autre chose aujourd’hui », acquiesce Anne-Marie Grimaud, qui n’est pourtant pas suspecte de complaisance. Présidente de l’Apno, l’Association pour la protection de la nature au Pays des Olonnes, elle a connu le temps où ces marais, dévolus depuis des siècles à la récolte du sel, avaient sombré dans l’abandon. La présidente et ses amis ont bataillé pour les protéger : « Rendezvous compte, on a mis dix ans ici pour faire Natura 2000. Certains élus auraient voulu faire des constructions immobilières à l’arrière du port des Sables. On n’était pas d’accord. » Les achats de parcelles sont apparus comme un moyen d’action : « L’Apno a acquis une sorte d’îlot calcaire d’1,7 ha avec une partie marais, pour la préservation de quelques espèces botaniques qui trouvent là leur limite septentrionale d’implantation. C’était en train d’être détruit par des gens qui venaient les arracher. » Sur les 1 700 ha, 156 appartiennent ainsi à des collectivités ou associations qui agissent en complémentarité : Conservatoire du littoral (90 ha), communes d’Olonne-sur-Mer et de L’Île-d’Olonne, Département de la Vendée…
38 ha aux chasseurs
Les chasseurs ne sont pas en reste. L’Office national de la chasse et de la faune sauvage possède 38 ha rachetés en 1963 « à fins conservatoires, quand ce n’était pas à la mode », raconte Bertrand Trolliet, ingénieur à l’ONCFS, à la tête d’une équipe de six personnes dont trois ornithologues qui travaillent sur place. « C’est une ancienne exploitation salicole semi-industrielle, ajoute-t-il. Un endroit très intéressant où s’est notamment implantée la première colonie d’avocettes de l’ouest de la France. La fin première était l’accueil des oiseaux d’eau et ça reste la priorité. Aujourd’hui, sur une zone de 250 à 300 ha, ont été observées à ce jour plus de 300 espèces, ce qui, en termes de diversité, place ces marais dans le peloton de tête des sites français. » André Barzic, qui suit la visite longue-vue à la main, en connaît quelques-unes… Militant de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), il estime que « les associations ont bien été consultées depuis l’acquisition des terrains par le Conservatoire. Nous avons même fait l’étude de l’accueil du public pour les observatoires qui vont être posés. On participe à des groupes de travail sur la signalétique. » Hormis la déprise agricole, les marais, en effet, sont aussi victimes de leur succès : visiteurs indélicats, reconversions inadaptées en usage de loisirs. Rien de tel pour bouleverser cet écosystème délicat et faire fuir les oiseaux. « Canards, limicoles, échasses, avocettes, aigrettes et on a quelques rapaces, énumère Julie Holthof, du Conservatoire. C’est un site très important pour ces oiseaux, notamment pour les haltes migratoires, pour hiverner tout simplement, pour la reproduction. On a aussi des mammifères protégés, comme la loutre d’Europe en voie de disparition en France, le campagnol amphibie et aussi de la végétation particulière très intéressante. »
Et même… le mouton des landes de Bretagne
À cette liste s’ajoute une espèce à l’acclimatation toute récente : le mouton des landes de Bretagne. Utilisé ici moins pour l’élevage que comme « tondeuse » écolo par Benoit Vallée et Matthieu Blé, sauniers à L’Îled’Olonne, à la salorge de la Vertonne, l’une des trois seules en activité. Ils en possèdent environ 40 têtes en élevage semi-autonome, sans bergerie. « Ça nous permet d’entretenir notre marais salant l’hiver. Et hors hiver, pour qu’ils puissent avoir de l’herbe, on profite des pâtures qui nous ont été offertes autour. » Comme celles de l’Apno et du Conservatoire. « Accueillir les oiseaux et maintenir les moutons », c’est toute la mission de David Mounier, employé de la ville d’Olonne, responsable de la gestion hydraulique d’une partie du marais. Il veille à maintenir la salinité adéquate de l’eau. Il est « animateur nature » et déploie des trésors de pédagogie « pour transmettre la passion du marais. L’été avec des animations grand public. Et pour les enfants, avec 150 animations par an pour les élèves du CP au CM2. » Les futurs héritiers du « bijou ».
Jean DELAVAUD.
Reproduction de l’article publié dans le journal Ouest-France, édition du 19/11/2016