Un rappel :
L’industrie du textile et de l’habillement est très polluante :
Elle est responsable, à l’échelle mondiale, d’environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre, soit davantage que l’ensemble des vols et transports maritimes internationaux. Il ne faut pas oublier les rejets des produits chimiques et de micro-plastiques dans la nature lors de la production ou de l’entretien des vêtements en majorité faits en fibres synthétiques
L’industrie du textile a un impact humain considérable puisque beaucoup de marques exploitent des travailleurs pauvres du Sud.
Quel est le sort des vêtements déposés dans les boîtes « Le Relais » ?
Il existe une filière du Relais qui transforme les jeans usagés en isolant dans le pas de Calais. Le coton, la laine redeviendront du fil. Les vêtements de qualité, plusieurs fois triés seront vendus dans la friperie du Relais, Ding Fring (A noter qu’il existe une boutique à Challans). Les autres vêtements toujours portables partiront en Afrique dans les structures du Relais mais, depuis juillet 2024, les matières triées destinées à l’export sont devenues impossibles à envoyer. Certaines matières sont envoyées en CSR (Combustible Solide de Récupération) : à noter que cette solution coûte ,par exemple: 180€/tonne à un organisme de recyclage en Dordogne !
Où en est-on avec le projet de loi sur la loi fast fashion ?
Après avoir longtemps traîné au Parlement depuis son adoption en Mars 2024 à l’Assemblée nationale, une proposition de loi pour freiner la fast fashion a été examinée lundi 2 juin 2025 au Sénat qui entend, par là ,légiférer contre cette mode éphémère et jetable expédiée à prix cassés depuis la Chine, avec les géants Shein et Temu dans le viseur.
Peu coûteux, de piètre qualité, faciles à commander, souvent très polluants et constamment renouvelés, ces vêtements saturent le marché et concurrencent les acteurs historiques de l’industrie
textile.
Le phénomène ne s’est pas arrêté : entre 2010 et 2023, le nombre de vêtements mis sur le marché en France est passé de 2,3 milliards à 3,2 milliards. Selon l’Ademe, plus de 48 vêtements par habitant sont mis sur le marché chaque année en France et 35 sont jetés chaque seconde dans le pays.
Parmi les mesures phares de cette proposition de loi, se trouve l’établissement d’une définition de la fast fashion, avec des critères basés sur le nombre de modèles mis en vente, et non de produits, et leur vitesse de renouvellement. Une façon pour les sénateurs de tenter de viser exclusivement les géants asiatiques du textile, Shein mettant chaque jour en vente plus de 8 000 nouveaux modèles. En comparaison, une enseigne comme Zara en propose 500 tous les jours.
La nouvelle rédaction du texte entend viser davantage l’ultra fast fashion de Shein et Temu et préserver les entreprises européennes ou françaises même si celles-ci relèvent aussi de la mode
rapide. Elle a été adoptée à l’unanimité ce mardi 10 juin.
Impact environnemental, pas de pub et taxes pour les petits colis
Il ne fait aucun doute que la plateforme Shein sera concernée par la totalité des articles de cette proposition de loi. Les acteurs ciblés devront par exemple sensibiliser les consommateurs à «l’impact environnemental» de leurs vêtements. Aucun doute non plus sur le fait que Shein devra s’acquitter des «écocontributions» renforcées dans la loi, sur un principe de «bonus-malus». Avec une pénalité qui atteindra au moins 10 euros par article en 2030.
Autre mesure phare, l’interdiction totale de la publicité pour la mode ultra-éphémère, avec un volet de sanctions dédiées aux influenceurs qui voudraient en faire la promotion. La conformité de ce dispositif à la Constitution est néanmoins questionnée.
Enfin, le Sénat a également adopté une mesure inattendue : l’instauration d’une taxe sur les petits colis , livrés par des entreprises établies hors de l’Union européenne, comprise entre deux et quatre euros. Une façon d’élargir le spectre en visant notamment un autre géant asiatique du commerce en ligne, Temu. Mais cette mesure pourrait être supprimée dans la suite de la navette parlementaire, pour laisser la main à l’Europe, où ce sujet fait actuellement l’objet de négociations.
De son côté, Shein par l’intermédiaire de son porte-parole en France réplique: «On se retrouve finalement avec une loi anti-Shein, et anti-clients de Shein. Cette loi, si elle vient à passer, pénalisera directement le portefeuille de nos clients et réduira drastiquement leur pouvoir d’achat».
Une fois ce texte adopté au Sénat, une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sénateurs et députés, devrait être convoquée à la rentrée. Ils seront chargés d’aboutir à un texte commun,
préalable à l’adoption définitive de cette loi.
Notre commentaire : que de temps perdu pour adopter une loi primordiale pour agir sur la pollution de l’industrie textile ! A quand l’éducation à la consommation raisonnée et responsable ? Il faudrait un accompagnement qui explique comment s’adapter aux nouvelles pratiques commerciales sans pour autant oublier le critère écologique. La fast-fashion n’est pas nouvelle mais les pratiques se sont encore renforcées : elles sont faites pour nous rendre « accros » et sur-consommer : à chacun d’y veiller !
Notons que France Nature Environnement a saisi début juin, le juge de déontologie publicitaire, accusant la marque chinoise Shein de communiquer de façon mensongère sur ses engagements
environnementaux.