Les côtes sableuses
Auteur: Sylvie Caillé
Genre: Documentation
Editeur : Editions Siloë
Date de publication : 2003

Dans son ouvrage issu d’une vulgarisation de sa thèse de Géographie soutenue en 1997 (Le littoral de Loire-Atlantique et de Vendée et sa géographie du danger), Sylvie Caillé a souhaité faire comprendre la transformation qu’a connue le bord de mer ligérien au cours des deux derniers siècles.

A propos du livre

Du 19e siècle à nos jours (Loire-Atlantique et Vendée)

L’homme, tel un agent créateur, a métamorphosé un milieu naturel en un paysage nourri par ses aspirations. Au début du 19e siècle, les visiteurs constatent l’aspect désolé du littoral : des dunes de sable monotones, d’une solitude infinie, qui représentent un danger permanent de submersion des champs et des villages proches. Ces craintes ne sont pas vaines et plusieurs villages ont disparu sous les sables depuis le 16e siècle (Escoublac, Barbâtre, Notre-Dame-de-Monts, quelques villages de Saint-Brevin, de Saint-Vincent-sur-Jard…). Sylvie Caillé relate les nombreux risques naturels (tempêtes, submersions marines) qu’encourraient les populations littorales, les obligeant généralement à tenir à l’écart du rivage leurs habitations.

Afin de pallier ces dangers, l’Etat ordonne en 1810 de fixer les dunes. Or cette entreprise est particulièrement difficile. L’Auzance, au sud de Brétignolles-sur-Mer, est l’un des exemples développés pour comprendre l’édification d’un massif dunaire. A cause de l’ensablement, la rivière a plusieurs fois changé d’embouchures au cours de la seconde moitié du 19e siècle, occasionnant des inondations importantes de terres. L’Etat établit en 1890-1891 des clayonnages afin de créer les prémisses d’une dune littorale et fixe les dunes voisines par des semis. En 1893, l’Auzance retrouve son ancien lit, protégé au nord par une petite digue de maçonnerie. De nombreux documents reproduits relatent les travaux importants de l’époque.
La transformation physique du bord de mer ligérien s’accompagne du nouvel intérêt social des rivages au cours du 19e siècle : la mode des bains de mer. Une population progressivement nombreuse, profitant des forêts de pins, s’implante sur les dunes fixées. Là où les populations locales s’éloignaient du rivage pour ne pas avoir à en subir les désagréments (l’hiver particulièrement), les baigneurs villégiateurs souhaitaient au contraire profiter de la plus belle vue sur mer (l’été).

La construction de villas sur les dunes instaure rapidement la nécessité de les défendre. En effet, le bord de mer n’est pas une ligne figée. Les villas subissent bientôt l’érosion marine, qui menace de déchausser leurs fondations. Sylvie Caillé développe deux exemples : Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Saint-Brevin-les-Pins. Elle relate les différents évènements qui ont marqué la Garenne de Retz, en les illustrant de quelques cartes postales ou photos anciennes. Les vues des dégâts des tempêtes de 1924 et 1925 sont particulièrement saisissants et permettent de comprendre pourquoi la construction d’un remblai en dur a été fondamentale pour les propriétaires locaux.

Au travers de cet ouvrage, Sylvie Caillé retrace comment l’homme, par sa volonté, a fait d’un espace répulsif, un endroit apprécié, recherché, présenté comme idéal, mais non sans danger. L’homme n’a en effet pas réussi à « dompter » tout à fait la nature et l’érosion marine le lui rappelle à chaque tempête.