Rendre audibles et compréhensibles les chants d’oiseaux de notre région, voilà le défi qu'André Bossus et François Charron relèvent avec brio dans cet ouvrage.
Les auteurs de cet ouvrage souhaitent rendre audibles et compréhensibles les chants d’oiseaux. Pour la majorité d’entre nous, ce chant est agréable à écouter mais apparaît impossible à décrypter – au mieux, quelques espèces sont repérées.
Outre le manque d’exercice, plusieurs facteurs peuvent décourager les débutants. Le chant des oiseaux se situe en grande partie dans les aigus. Or, à partir de la trentaine d’années, l’homme perd une partie de ses facultés auditives, en particulier pour ces sons aigus. Dès 60 ans, les chants des roitelets ne sont ainsi presque plus perçus. Notre capacité à séparer des sons rapprochée est également limitée par rapport à celle des oiseaux : nous sommes capables de séparer en moyenne 40 sons à la seconde, quand l’acuité auditive temporelle des oiseaux est 10 fois supérieure. L’ouvrage cherche à dépasser ces limites pour aider à la compréhension, en apportant beaucoup de connaissances et en appelant à s’exercer.
L’oiseau chante pour plusieurs raisons. Parmi les principales, il y a :
– la possession d’un territoire : certains oiseaux reprennent la même phrase plus d’un millier de fois par jour, inlassablement ;
– la conquête d’un partenaire sexuel : dans la plupart des cas, seuls les mâles chantent, avec des exceptions, comme la femme du rougegorge ;
– la reconnaissance individuelle : chaque mâle apporte des variations à un schéma de chant commun, afin de permettre la reconnaissance entre voisins de la même espèce.
L’ouvrage présente également quelques pages (p. 31-35) sur les méthodes de notation des chants. Les auteurs rappellent que certains compositeurs classiques se sont inspirés de chants d’oiseaux : Vivaldi dans Le Printemps (trilles aigus du chardonneret), Beethoven dans la Symphonie pastorale (rossignol, caille, coucou), Olivier Messiaen dans le Réveil des oiseaux ou dans le Catalogue d’oiseaux.
Après cette introduction d’une quarantaine de pages, l’ouvrage est découpé en six grandes parties géographiques : villes, villages, parcs et jardins ; bois, forêts et landes ; bocages, cultures et friches ; littoral, bords de rivières et zones humides ; habitat méditerranéen ; habitat alpin, falaises et rochers.
Pour la partie sur le littoral, les bords de rivières et les zones humides – la plus longue –, les auteurs ont recensé 48 espèces. À chaque fois sont décrits l’oiseau, en quelques mots, la structure du chant et/ou des cris, avec une carte de répartition géographique de l’espèce (centrée sur la France), un graphique sur les périodes de l’année au cours desquelles le chant est le plus fréquemment émis et les sonagrammes (transcription graphique des chants et des cris). Le lecteur retrouvera dans les pages de l’ouvrage le cochevis huppé et le pipit rousseline, que nous avions évoqués dans le bulletin du CPNS 2012 (p. 13).
Le lecteur des chants d’oiseaux d’Europe occidentale peut aussi être auditeur : en effet, deux CD offerts avec le livre permettent d’écouter le chant des 180 espèces décrites, d’une vingtaine de secondes (19 secondes pour le pinson du Nord) à plus d’une minute (1 minute 34 secondes pour le gorgebleue à miroir). Ceux qui aiment découvrir la nature auront, grâce à cet ouvrage, de nouvelles clés pour ouvrir leurs horizons et ceux qui préfèrent rester chez eux profiteront des chants des oiseaux toute l’année…