LES ESPECES INVASIVES
Une conséquence de la mondialisation
A partir du XVe siècle les progrès de la navigation permirent des expéditions lointaines. Au cours de ces voyages, les navigateurs découvrirent de nouvelles plantes. C’est ainsi que des jardins situés dans les principaux ports des côtes françaises comme celui de Nantes naissent. Les collections botaniques se sont constituées entre le XVIe et le XVIIIe siècles. La préoccupation constante des naturalistes a été la conservation des plantes dont beaucoup se perdaient au cours des voyages. C’est pour essayer de remédier à ce problème que s’est organisé un réseau de jardins sous les tropiques et en Europe, jardins qui servaient à la fois de relais pour les transferts et pour l’introduction de plantes intéressantes sur le plan économique et agricole.
De nos jours les voyages se font à une échelle gigantesque et, voulue ou non, elles favorisent les invasions biologiques qui sont la conséquence d’un aspect de la mondialisation. Les naturalistes ne contrôlent pas toutes les importations comme ils le faisaient jusqu’au XIXe siècle. Pourtant parmi les introductions d’espèces animales ou végétales d’origine souvent lointaine, certaines prolifèrent et peuvent entraîner des dommages environnementaux. Les conséquences de ces introductions sont considérées comme une cause importante de l’appauvrissement de la biodiversité, juste après la destruction des habitats. Pour comprendre ces phénomènes rappelons quelques bases.
L’écosystème, un équilibre fragile
Un écosystème est composé de deux éléments :
- la biocénose qui est l’ensemble des êtres vivants comportant la micro biocénose (bactéries…), la phytocénose (végétaux…) et la zoocénose (animaux…).
- le biotope qui est l’environnement physico-chimique dans lequel vivent les êtres vivants.
Dans un écosystème, chaque espèce vivante a une place et un rôle déterminés. Elle y trouve ses ressources alimentaires, elle y a son habitat, elle peut entretenir des relations variées avec d’autres espèces de l’écosystème. Il peut s’agir de relations concernant la protection, le transport ou la reproduction.
L’introduction dans un écosystème d’espèces étrangères peut être catastrophique pour l’équilibre de l’écosystème car en effet si des espèces importées, dites invasives, en opposition aux espèces locales ou endémiques entrent en compétition, ces dernières risquent d’être éliminées.
Dans tout écosystème, il est fréquent que de nombreuses espèces puissent se rencontrer dans le même habitat. En revanche, en les observant attentivement on remarque qu’elles occupent chacune une niche écologique bien distincte. Citons, deux espèces d’Hétéroptères aquatiques, la notonecte et la corise . Ces deux espèces de taille très voisine vivent dans les mêmes biotopes – de petites étendues d’eaux calmes, mares et étangs – et dans le même habitat (végétation aquatique) Cependant, elles occupent des niches différentes : les corises sont herbivores, elles se nourrissent de fragments de végétaux morts ou en mauvais état tandis que les notonectes sont carnivores. La séparation entre différentes niches écologiques peut être franche (nature spécifique des proies) ou plus difficile à cerner (taille et date de maturité des proies ).
La Jussie
Plante vivace aquatique originaire d’Amérique du Sud ou du Sud des États-Unis; vendue chez nous au départ, pour la décoration des aquariums ou des bassins, elle est devenue un redoutable envahisseur des milieux naturels humides et aquatiques calmes.Pourquoi cette plante est elle néfaste à l’écosystème ?
La Jussie n’est pas très exigente pour se développer. Elle a besoin d’humidité et une exposition ensoleillée ou ombragée lui convient pareillement.
La Jussie, par son développement, perturbe l’écoulement des eaux. L’hiver son appareil aérien meurt et il peut y avoir un déficit d’oxygène dans le milieu au vu de l’importance qu’il occupait. Cette plante possède un rhizome (tige souterraine) qui ne meurt pas l’hiver et bourgeonnera dès les conditions favorables pour coloniser à nouveau rapidement le milieu.
De plus à la belle saison elle se multiplie en doublant sa masse toute les 3 semaines, elle forme alors des herbiers si denses qu’elle élimine les autres plantes endémiques comme la myriophylle qui elle a un rôle très important.
La myriophylle aquatique
Plante très utile, son développement sur le bord des berges contribue également au développement des petits animaux comme les insectes, mais c’est aussi un lieu idéal pour le développement des alevins qui trouvent ainsi refuge contre les plus gros prédateurs.(La myriophylle est différente de la myriophylle du Brésil qui envahit les rivières). Les espèces endémiques négligent la plante pour leur alimentation car elle ne fait pas partie de leur régime alimentaire.
On voit ici comment une espèce exotique envahissante peut nuire à tout un écosystème.