« Nous, maires et présidents d’intercommunalité de France, prenons l’engagement solennel de placer l’enjeu climatique au cœur de chacune de nos décisions, dans le cadre d’une véritable stratégie de court, moyen et long terme »

98e Congrès des maires et présidents d’intercommunalité de France

Paris, le 19 novembre 2015

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Le projet de complexe aquatique prévu dans la partie sud du secteur du Gatineau vise à remplacer la piscine intercommunale de la Soudinière par un équipement adapté à la demande actuelle. Les espaces considérés sont situés en entrée de ville, entre un tissu pavillonnaire et face à une zone naturelle bordée par la RD 38bis. Ils figurent en zone 1 AUlr au Plan Local d’Urbanisme correspondant à des secteurs à caractère naturel destinés à être ouverts à l’urbanisation.

Ce projet a fait l’objet d’une étude attentive de la part du CPNS, suivie de diverses observations sur le plan architectural, faunistique, paysager et énergétique portées début juin à la connaissance de Monsieur Lucien PRINCE, vice président de la communauté de communes en charge de la construction. Ce dossier a également été argumenté par notre représentant auprès de la Commission départementale compétente en matière de sites, perspectives et paysages et mis à la connaissance de Monsieur le Préfet de la Vendée. Nous reviendrons en temps voulu sur ces différents aspects..

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Caractéristiques techniques

La surface développée du complexe aquatique est de 2889 m². Il comprend en rez-de-chaussée la construction de deux volumes accolés dont un volume regroupant le hall d’accueil, l’administration, les vestiaires, les sanitaires, les douches et un espace bienêtre et un deuxième volume regroupant un bassin de 25 mètres, un bassin d’initiation, une pataugeoire, un bassin d’activité et un pentagliss. En extérieur seront réalisés un bassin, une zone d’activité pour enfant, un solarium minéral et un solarium végétal. Le rez-de-jardin réunit l’ensemble des locaux techniques. La hauteur du projet atteint 10m. Enfin deux zones de parking d’un total de 400 places seront réalisées, un avec emplacement minéral et une avec emplacement végétal.

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Aujourd’hui, pour être en phase avec l’actualité planétaire liée au réchauffement climatique et à la tenue de la conférence mondiale pour le climat -COP21- nous communiquons à la connaissance du public l’argumentaire développé auprès de Monsieur PRINCE le 28 octobre sur le volet énergétique du projet.

Un volet énergétique contestable

Concernant le volet énergétique, les calculs fournis par la communauté de communes présentent un résultat global à 2735 kWh/m² bassin eau, peu différent de notre estimation qui le fixe à 2857 KWh/m². Mais le document présente un bilan pour le basin extérieur à 3500 KWh/m², nettement supérieur à ceux des bassins intérieurs. Ce bilan nous surprend dans la mesure où ce bassin qui est couvert la nuit, ne nécessite pas de traitement, ni chauffage de l’air.

Complexe aquatique-Tableau Energie

 

 

En replaçant le chiffre global de 2735 kWh/m² dans le diagramme ci-contre (flèche à gauche) nous pouvons constater que le projet s’aligne sur les standards des années 80.

 

 

 

 

Énergies renouvelables

Nous relevons d’autre part des contradictions entre les énergies, solaires, photovoltaïque, ECS, hybrides, et les autres. Si nous partageons le point de vue de la communauté de communes concernant les limites de l’énergie bois dans ce cas précis, il n’en va pas de même pour les énergies solaires. Sur ce point nous nous rapportons à l’analyse de notre référent énergie :

« Pour avoir utilisé ces énergies depuis 1983, je m’inscris en faux sur ce chapitre. Suivant le type d’installation, on atteint des retours d’investissements entre 8 et 12 ans, hors subventions, avec des frais d’entretien particulièrement réduits.

Le retour d’expérience sur une piscine bioclimatique, couverte, chauffée au soleil système complet, affiche 6 mois en totale autonomie pour une eau à 31°C, 3 mois avec peu d’apport et 3 mois en hiver avec un fort complément. Le retour d’expérience du projet en débat tend à démontrer que la démonstration théorique de la communauté de communes  est erronée sinon discutable.

Par ailleurs, le site nous semble placé sur un ancien trait de côte aligné, ce qui laisse supposer la présence d’une fracturation majeure. Ce qui veut dire que la présence d’eau y est fortement probable. Il y a là un potentiel énergétique qui ne semble pas avoir été exploité. »

Dès lors comment justifier l’absence de bilan géothermique dans l’étude ? Bénéficier d’une eau à15 ou 20ºC toute l’année constituerait une opportunité qui répondrait de plus au souhait de la communauté de commune de développer les énergies renouvelables.

Notre expert  » donne acte à la communauté de communes que sur le plan bioclimatique le choix des grandes surfaces vitrées sur 3 faces, Est, Ouest et Sud, du bâtiment en projet se traduira par un fort apport calorifique externe en été. Cependant les faibles gains diurnes de la face sud ne devraient pas suffire à compenser la déperdition sur les côtés Est et Ouest. Une étude plus pragmatique devrait le démontrer. Le vitrage présentant un Uw de 1,1 W/m².k, n’est pas de super bonne qualité (rapport défavorable entre surface petit châssis / grande vitre). La résistance thermique du toit interpelle également . Sans vouloir entrer davantage dans le détail des techniques et des chiffres, cette démonstration n’explique-t-elle pas les sur-consommations annoncées ? »

 

L’énergie positive absente du projet

Finalement la conception du bâtiment projeté n’est-elle pas éloignée de celle attendue en 2015 ? Pour preuve, de nombreux bâtiments scolaires sont aujourd’hui en conception « positive » ; pourquoi avoir écarté cette possibilité pour ce complexe aquatique ? Quelle sera la source d’énergie d’appoint pour le chauffer et à combien s’élèvera la facture énergétique annuelle ? Si cette énergie est le gaz, nous estimons que ce projet -énergivore de plus de 1200 kWh/m² eau par rapport aux possibilités actuelles- générera un surcoût que nous chiffrons à 3 M€ pour les 30 ans à venir et de 6 M€ si le prix de l’énergie double. Les citoyens ne manqueront pas de comparer à l’usage la dépense énergétique du complexe aquatique avec les programmes économies d’énergie engagés par les municipalités. Si le bilan s’avère négatif comme nous l’estimons, des compensations sont-elles prévues ?

 

En conclusion

Sous prétexte d’offrir aux futurs usagers un bâtiment original par sa conception architecturale, les porteurs du projet ne vont-ils pas créer un complexe aquatique énergivore bien au-delà de ce qui est concevable d’un point de vue technique et acceptable du point de vue financier ? En cette période de restriction budgétaire et de précarité financière, les citoyens-contribuables ne sont-ils pas fondés à s’inquiéter du coût de fonctionnement de ce projet ?

COP21

COP21

Nous conclurons en soulignant le paradoxe que représente la conception d’un tel projet justement l’année de la 21ième conférence des parties de la Convention-cadre sur les changements climatiques. Il n’est pas inutile de rappeler  non plus l’engagement des maires et présidents d’intercommunalité  présenté lors du Rassemblement des maires, le 18 novembre à Paris. Dans un document de 16 pages(1), les élus s’engagent à «placer l’enjeu climatique au cœur de leurs décisions, à conduire des actions exemplaires, à impulser toutes les coopérations possibles avec la société civile, les acteurs économiques et les institutions, à atténuer l’impact sur le climat du fonctionnement des communes et à veiller à l’adaptation des territoires aux changements climatiques».

Nous invitons nos édiles locaux à faire leur cet engagement.

 


 

(1) Engagements des maires et des présidents d’intercommunalité de France pour le climat. Accéder au document

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